C’est donc une nouvelle marche contre l’obligation vaccinale et le « passe sanitaire » qui s’est déroulée, ce samedi 16 octobre, à Papeete. Un peu plus de 700 personnes, selon la police, ont participé à cette manifestation. Mais le report au 23 décembre des sanctions contre les personnes réticentes à se faire vacciner semble pour beaucoup un leurre contre lequel il va falloir s’organiser pour « résister ». On commence aussi à se mobiliser dans les îles.
Si plusieurs collectifs y ont participé, cette manifestation était cette fois organisée sous l’impulsion du collectif Te Reo Mana O Te Nunaa qui a sollicité une entrevue auprès des représentants de l’État et du Pays, en compagnie de représentants de l’Église protestante mā’ohi et de syndicats. Une rencontre qui s’est néanmoins soldée, encore une fois, par une écoute polie de la part des autorités officielles mais sans réponse claire quant aux demandes exprimées. Certes, les sanctions prévues par la loi du Pays sur l’obligation vaccinale ont été repoussées à un peu plus de deux mois, au 23 décembre, et l’on est toujours dans l’attente du résultat de recours en cours.
Mais, pour beaucoup de manifestants, ce ne sont que des prétextes de la part des autorités dont le dessein leur semble bien de ne pas revenir sur une décision arrêtée. Ce délai est certes l’occasion pour le gouvernement de régler quelques questions concernant l’application de ce texte – qui n’est pas claire, ainsi que le regrette par ailleurs le Medef.
Un instrument politique de contrôle des populations ?
Mais cela semble aussi l’occasion pour les autorités de « botter en touche » et de jouer sur l’essoufflement des manifestants et sur leurs divisions (l’autre départ n’a pas été autorisé). On a donc pu entendre des prises de position plus fermes lors du sit-in qui s’est tenu sur la place Tarahoi (devant la statue de Pouvana a O’opa). Certains appellent à « organiser la résistance » : non seulement face à l’obligation vaccinale mais aussi face à l’introduction programmée, en Polynésie française, d’un « passe sanitaire ». Ce dernier, pour beaucoup comme en métropole, s’apparente en effet plus à un instrument politique de contrôle des populations.
La société polynésienne est-elle prête à se couler dans le moule « transhumaniste » que ces mesures de traçage numérique semblent préfigurer ? En tout cas, certains habitants des îles ne semblent pas non plus s’y résigner. Des manifestations ont ainsi été organisées à Nuku Hiva, Raiatea (où était présent le Dr. Théron) et Tahaa.